Chapitre Deux : Un autre côté- Spoiler:
Le mariage s'était déroulé dans une perfection des plus complète, il était sur un nuage permanent, un sourire éclatant semblait s'être installé définitivement sur son visage. Parfois même, au grand dam de son père, il lui arrivait d'attraper sa mère et de la faire danser. Sa nouvelle femme le regardait avec des yeux doux, comme lorsque l'on surveille un enfant. Il tourna la tête vers elle et la dévisagea. Elle était plus resplendissante que jamais, ses longs cheveux bruns descendaient en une cascade luisante sur ses épaules nues. Elle avait posé ses mains sur son ventre, peu de personnes savait déjà ce que cela signifiait. Elle le lui avait annoncé la semaine précédente, il n'y arrivait pas encore à y croire. Ils se trouvaient dans le grand hall, les invités étaient arrivés un peu plus tôt dans la journée et il était à présent l'heure du diner. Ils allaient annoncer que le futur de la maison des Corona était assuré.
Les Corona étaient une lignée qui descendait directement d'un fils illégitime d'un roi ancien, aussi même s'ils n'étaient pas d'un rang très élevé, on les respectait sincèrement et le futur nouveau né se retrouverai troisième dans l'ordre de succession au trône.
Il y avait des rires, des chants et des vivres à en mourir. Et lorsque son père se leva en le regardant, il ne pût s'empêcher de rayonné d'anticipation.
« Mes chers amis » commença le Comte.
C'est alors que cela se produisit, les portes s'ouvrirent brutalement, faisant sursauter tout le monde. Un homme entra, trébuchant, à moitié rampant sur le sol, il se vidait de son sang. Certains se mirent à hurler, d'autre restèrent muets sous le choc et les derniers comme Céleste se précipitèrent vers le malheureux. Il fût à ces côtés en un rien de temps. L'homme était un simple paysan, mais cela n'avait jamais dérangé le futur Comte, il l'aida à se redresser et lui demanda aussitôt des explications.
Celles-ci étaient hachées par le manque de force provoqué par la perte de sang mais Céleste réussit à comprendre qu'une sorte de monstre les avait attaqués lui et sa femme, l'avait blessé puis s'était enfui dans les bois en emportant sa femme. Il mourut sans que l'on puisse en demander plus. Il ne fallut pas plus d'une minute au jeune marié pour qu'il décide d'un plan d'action.
« Que les hommes se préparent ! » Hurla-il dans la grande salle. Un vacarme effroyable s'en suivit. Sa femme se leva brusquement, le regard inquiet. Il se dirigea promptement vers elle et l'enlaça amoureusement avant de poser ses lèvres sur les siennes et de lui dire, comme s'il savait ce qu'elle pensait : « Je te reviendrai »
Elle lui sourit. Il attrapa son épée et le groupe d’une vingtaines d’homme sortit du manoir. Sans un mot il leur fit signe de se séparer par petit groupe et d’être prudent. C’est seulement après cela qu’il s’enfonça lui-même dans les ténèbres de la forêt.
Il sembla se passer des heures sans qu’il ne découvre rien. Il commençait à perdre espoir lorsqu’il entendit des bruits de succion proche de lui.
Tirant délicatement son épée de son fourreau il faillit gémir lorsqu’un rayon de pleine lune se refléta sur la lame et que les bruits de succion s’arrêtèrent. Il s’avança néanmoins et faillit lâcher son épée sous le choc de ce qu’il apercevait.
Dans cette clairière éclairée par le clair de lune se tenait la scène la plus fascinante qu’il n’ai jamais vu. Le corps brisé de la jeune femme du paysan gisait sur le sol mais il ne s’en intéressa qu’à peine. En face de lui, le regardant fixement se tenait la créature la plus étrange qu’il n’ait jamais vue. Un homme avec de longs cheveux noirs d’ébène, une peau immaculé et un mince filet de sang coulant sur son menton. Sans quitter Céleste des yeux, il lécha le sang d'un coup de langue précis qui exposa des canines acérées.
Céleste en eut la respiration coupée. Il n’eut même pas le temps de réfléchir que déjà la créature était sur lui.
Par pur réflexe il leva son épée, celle ci s’enfonça profondément dans l’épaule de son agresseur. Celui-ci hurla de douleur, un cri mélange d’homme et de bête qui glaça le cœur du jeune noble. Aussitôt son épée lui fut arrachée et il écarquilla les yeux en se rendant compte qu’il venait d’être égorgé. Et tandis qu’il se vidait de son sang, l’inconnu le regardait avec des yeux remplis de désir, les canines découvertes. L’homme-bête s’accroupit à ses côtés et il eut réellement l’impression que sa vie se déroulait devant ses yeux. Il ne pouvait pas mourir. Il lui avait promis de revenir. Il était un homme d’honneur.
« Si j’avais su que je trouverai quelqu’un tel que toi dans ces parages je serai venu beaucoup plus tôt… » L’homme se passa la langue sur les lèvres, provoquant un frisson de peur chez le jeune noble, mais ses yeux se fermaient tout seul à présent, son sang nourrissait la terre, imprégnant sa tunique et il ne pouvait plus penser.
C’est alors qu’il se sentit surélevé, il écarquilla les yeux d’horreur en sentant des lèvres glacées se posées sur les siennes, fermant désespérément la bouche, il n’eut pourtant pas le choix lorsque le vampire força l’entrée de ses lèvres. Il faillit alors hurler lorsqu’il sentit un liquide glacé se déversé dans sa bouche, mais cela eu pour conséquence de l’étouffer alors il ne bougea plus, tétanisé. Après ce qui lui parut une éternité, il sentit enfin que la créature l’avait lâché, il reposa un long moment sur le sol détrempé, sous le regard carnassier de l’immortel. Sa blessure à la gorge se mit alors tout doucement à se refermer et il crut que sa tête avait explosé sous le poids de toutes les nouvelles sensations.
« Alors comment tu te sens p’tit noble ? » susurra la bête.
Il fut si rapide que l’homme n’eut pas le temps de réagir. D’un bon il attrapa son épée abandonnée sur le sol, sa baguette dans le pommeau et taillada à l’aide des deux le visage parfait du vampire qui se mit à hurler. De rage ou de douleur, il ne se posa pas la question et s’enfuit.
*****
Lorsque le manoir apparut dans son champ de vision, il faillit se mettre à pleurer de soulagement. Des cris de bonheur se firent rapidement entendre et son cœur fit un bond dans sa poitrine en apercevant la fine silhouette de sa femme et il accéléra le pas.
« Oh mon dieu ! Tu es couvert de sang ! » il l’entendit s’exclamer. Il la prit alors fermement dans ses bras.
« Ne t’inquiète pas mon amour. Je t’avais dit que je te reviendrai » Et il inspira un bon coup, pour aussitôt se retrouver avec un mal de tête incroyable, il s’éloigna aussitôt. Catherine lui sourit tendrement avant de le prendre par la main et le guider tranquillement à l’intérieur. Il la suivit comme un enfant en faute et bientôt ils furent seuls dans leur appartement.
« Allez dépêche-toi de retirer cette chemise atroce… il faudrait même la brûler je pense. » Ajouta-t-elle pensivement.
Il la retira mécaniquement et la jeta en direction du feu sans regarder.
Revêtant une nouvelle chemise noire qui était posée sur le lit il regarda sa femme s’avancer vers lui, un vers de vin à la main. Soudain, elle s’écria : « Mais qu’est ce qui est arrivé à ton cou ! Tu as une cicatrice énorme ! »
Il soupira et se détourna : « Je n’ai vraiment pas envie d’en parler… »
Elle allait répliquer lorsqu’il l’embrassa fougueusement. Elle laissa échappé un hoquet de surprise ainsi que la coupe de vin qui se répandit sur le tapis. Et c’est alors que son odeur le frappa, brûlante et épicée il ne se souviendra plus que de sa vue se troublant.
Plus tard, il revint à lui et ce fut l’horreur. Ses mains étaient couvertes de sang, tout comme les murs de la pièce, et les flammes qui s'étaient échappées de la cheminée grâce à la chemise léchaient déjà les rideaux. Il se mit à hurler, hurler son nom, hurler son désespoir. Et il finit par la trouver. Elle était tout simplement là. Étendue sur le sol comme une poupée brisée, les yeux écarquillés par la surprise, les mains crispées et sa robe entièrement rouge. Il a cru perdre la raison à cet instant. Peut-être que c’est exactement ce qu'il se passa lorsqu’il laissa les flammes l’engouffrer et qu’il s'enfuit par la fenêtre dans un état second.
Ce n’est que quelques heures plus tard qu’il comprit ce qu’il venait de se passer. Il venait tout simplement de tuer sa femme. Il était un monstre.
Il a regardé lorsque le reste de sa famille les a pleuré, lorsque le roi en personne est venu s’informer. Il resta figé lorsqu’ils mirent deux cercueils en terre… même s’ils n’avaient pas trouvé son corps. Cette nuit il pour la première fois il vint pleurer sur sa tombe.