« Hum…Je vois un grand avenir pour toi. Oui, tu es destiné à des longues études qui t’amèneront à accomplir de grands projets » Légère pause, pendant laquelle il sembla réfléchir tout en murmurant « Serdaigle t’aiderait à suivre cette voix qui est celle de la sagesse et cette maison serait digne de ton intelligence ; mais Serpentard te conviendrait également de part cette grande ambition que je vois en toi » Le garçon assit sur le tabouret à trois pieds, portant le Choixpeau Magique sur sa tête commençait étrangement à gigoter d’impatience.
« Je ne comprends rien…Tu ne pourrais pas parler plus fort ? »
« Mais enfin, garde tes remarques puériles pour toi veux-tu ? Laisse-moi réfléchir en paix…»
« Mais j’en ai marre d’attendre…Dis moi ma Maison ! J’ai faim moi ! Je veux aller m’assoir autre part que sur ce maudit tabouret qui est bancal ! Et puis tu me grattes à bouger comme ça sur ma tête…»
« Petit insolent, si tu continues ainsi tu iras dans ta maison A TOI, CHEZ TOI ! Non mais voyons…Je n’ai jamais vu de tels comportements… » Cette voix basse qui était légendaire chez le Choixpeau, commençait lentement à tonner bruyamment face à ce petit enfant à la chevelure brune. Quelques professeurs murmuraient entre eux, alors que la Directrice Adjointe paraissait confuse pendant que les élèves autour d’eux rigolaient aux éclats ou tendaient indéfiniment l’oreille pour tenter d’entendre davantage.
« SERDAIGLE ! » La voix calma tous les murmures, et les applaudissements retentirent ensuite. Pourtant, l’enfant ne bougea pas d’une semelle.
« Je ne veux pas y aller. On m’a dit que les Serdaigles étaient des personnes muettes, enfermées dans les dortoirs et totalement folles au point de vouloir sauter de leur Tour dans le Poudlard Express. Je ne veux pas sauter de ma Tour… » Sa petite moue d’enfant apeuré revint sur son visage, alors qu’il tentait de lever les yeux vers le Choixpeau pour le voir. Mais en vain. Il ne voyait que cette masse brune sur le sommet de son crâne.
« Mais enfin, on ne discute pas mon choix ! Et personne ne saute des Tours voyons, cesses donc tes sottises et files à ta table. »
« Nan, je n’irai pas. Envoie-moi dans une autre maison ! »
« Hors de question, espèce de sal petit cornichon ! Je t’ai dit que tu devais aller t’assoir dans ta nouvelle Maison »

Le jeune élève se leva alors brusquement devant les paroles de l’objet magique qu’il portait sur le crâne. Il ôta sans ménagement le vieux chapeau de sa tête, le regardant droit dans les yeux. Ou du moins, dans les deux fentes foncées qui formaient ses yeux. Ses deux petites perles claires d’un bleu profond démontraient aisément un mélange d’agacement et d’irritation de la part du garçon. Alors que les élèves l’observaient maintenant avec curiosité, les professeurs restaient incrédules face à ce comportement si anormal.

« Nan, je n’irai pas ! Je ne veux pas devenir comme eux !! Envoie-moi ailleurs je t’ai dis !»

Il jeta le Choixpeau Magique par terre, sous les mines stupéfaites et les hurlements de l’assemblée. Il commença ensuite à sauter dessus, voulant absolument l’écraser pour lui faire ressortir ses yeux par le nez. Il sauta, écrabouilla, se défoula sur ce Choixpeau, jusqu’à l’intervention héroïque du professeur McGonagall qui était quelque peu dépassée par cet évènement, il fallait l’avouer. Elle tenta alors de maitriser l’enfant qui commençait étrangement à avoir un comportement digne d’un échappé d’Askaban.

« Vous êtes devenu fou ? Lâchez-moi ce Choixpeau ! Mr Higgins, je vous demande de laisser tranquille ce chapeau il ne vous a rien fait ! » Le vieil Animagui fut rejoint par le concierge qui tenta de récupérer l’objet magique pendant que sa collègue maintenait l’enfant. Pendant ce temps, la jolie tête brune de Paul balançait dans tous les sens, alors qu’il sautait toujours sur ce chapeau sous les rires des élèves et l’indignation des professeurs. « Monsieur Higgins ! Monsieur Higgins…Monsieur Higgins par Merlin ! »

Le concerné Monsieur Higgins, se réveilla brusquement sous cette voix qui n’arrêtait pas de crier son nom. Il ouvrit difficilement les pupilles, ne retrouvant qu’une vue troublée qui s’offrait à lui. Il décolla sa joue droite d’une feuille qui était sur le bureau, là où il était encore affalé pour dormir quelques secondes auparavant. Il observa un instant sa pièce qui devait être son bureau, mais ne distingua que de vagues tâches floues de toutes les couleurs. « Qu’est-ce que… » Il se frotta les yeux, dans l’espoir de pouvoir retrouver une vue parfaite et nette. Paul rouvrit alors ses prunelles bleues si claires, percevant désormais chacun des détails de ses meubles. Il était bien dans son bureau. Il était aussi très tard s’il en croyait la nuit qu’il pouvait apercevoir par ses fenêtres. Mais alors, quel était donc ce rêve si étrange qu’il venait de faire ? Pourquoi diable avait-il revécu cette répartition…D’autant plus qu’elle ne s’était passée en aucun cas de la sorte. Jamais il n’aurait osé avoir un tel comportement, et encore moins le premier jour à Poudlard. La maison de Serdaigle avait parfaite à ses yeux. Il était sortit dans les premiers de sa promotion aux deux examens qu’offraient Poudlard ! Alors, c’était pour dire à quel point la voix de la sagesse lui convenait. Il s’était par la suite lancé dans une faculté de Potions, afin d’y obtenir le statut de Maître de Potions. Ce qu’il obtint aisément. Ne voulant pas arrêter son parcours ici, Paul avait choisi la voix de la médecine magique. Sans doute cela venait-il de son père qui lui était un grand chirurgien, mais dans le Monde Sorcier. Sang-mêlé, oui il l’était. C’était sa mère qui était sorcière et elle travaillait d’ailleurs sur le Chemin de Traverse où elle tenait une boutique d’accessoires et d’ingrédients de Potions. Autant dire qu’il était carrément prédestiné à ses études. Le jeune Paul était alors arrivé dans le monde de la médecine sorcière. Il arriva Directeur de Recherche à Ste Mangouste, obtenant la plus haute distinction qui soit en Médicomagie grâce à cet esprit vif et brillant qu’il bénéficiait. Inutile de préciser que son parcours suscitait un grand sentiment de fierté en lui…

Il se plaisait également à enseigner par moment, aimant les nouvelles rencontres. Notamment les rencontres féminines. En repensant à cela, un seul nom traversa subitement son esprit : Violet Alanis Thompson. Une jeune femme qui suscitait un grand intérêt à ses yeux, peut-être trop d’ailleurs. Il avait pleinement conscience qu’elle refusait ses avances, mais l’ancien Serdaigle ne s’annonçait pas aussi vite vaincu de la sorte. Pourtant, il trouverait si facilement une autre femme dont les formes physiques ne le laisseraient pas indifférent et qui pour sûr voudrait de lui ; mais en vain. Elle allait devenir une sorte d’obsession pour lui, le fruit interdit qu’il voulait à tout prix avoir entre ses mains.

« Hum, hum… »

Ce raclement de gorge si soudain fit sortir Paul de ses rêveries. Il leva lentement la tête, plissa les yeux un instant pour tenter d’apercevoir la source de ce bruit, mais il n’aperçut rien. Il haussa alors machinalement un sourcil, se demandant s’il n’était pas en train de devenir fou. Déjà avec ce rêve bien étrange…et maintenant ce toussotement. L’homme se tourna alors dans le but de regarder la vue que lui offraient ses fenêtres qui donnaient sur le Londres moldu, mais il faillit crier devant la silhouette qui lui apparut soudainement. Une femme. Oui, cette femme qu’il connaissait que trop bien était là, devant lui. Ses fines et longues jambes étaient croisées, alors que l’une de ses mains tenait une tasse rouge pendant que l’autre s’appuyait au rebord de la fenêtre. Ses yeux chocolat l’observaient avec amusement, tandis qu’un fin sourire ornait majestueusement ses lèvres roses pulpeuses. Merlin, il crut un instant qu’il était toujours en train de rêver. Et cette jupe grise qu’elle portait avec ce chemisier rose ! Voulait-elle qu’il succombe à la seconde où son regard se serait posé sur elle ? Quoiqu’il en soit, elle était dans la bonne voix. L’homme se reprit néanmoins quelques instants, voulant tout de même avoir quelques petites explications.

« Oui ? Puis-je au moins avoir la raison de votre présence dans mon bureau Astoria ? »
« Je pensais qu’une tasse de café comme vous les aimez vous aiderez dans votre longue soirée de travail Mr Higgins » Un sourire poli s’accentua sur le bord droit de ses lèvres « Mais quand je suis entrée, je vous ai trouvé en plein rêve si j’en crois les gémissements que vous poussiez. Alors j’ai tenter de vous réveiller mais je dois avouer que vous avez mis un certain temps à faire surface »
Tu parles d’un temps ! Il ne s’était même pas rendu compte de la présence de la jeune femme. Paul prit alors la tasse qu’elle lui tendait gentiment, commençant à comprendre par la même occasion ce qui s’était réellement passé. Ses esprits se remettaient lentement en place, pendant qu’il se délectait à boire une longue gorgée de ce breuvage qu’il affectionnait tant. Ses perles bleues claires se reposèrent dans les siennes.
« Que ferai-je sans vous Astoria ! Je vous remercie, c’est très attentionné de votre part… » Lui rendant son sourire, il la suivit du regard alors qu’elle le contournait pour se diriger vers la porte d’entrée qui était ouverte.
« Je vous en prie » Elle s’apprêta à disparaitre, mais retourna la tête vers son patron pour le regarder une dernière fois « Violet Thompson m’a chargé de vous dire qu’elle ne pourra pas venir aujourd’hui, ni demain. Elle est apparemment très malade »

Il se contenta d’acquiescé, se gardant de rétorquer : Et bien ? Qu’elle vienne quand même, nous ne sommes pas un hôpital pour des noises !. Mais il n’en fit rien. Cela ne lui ressemblait pas…Paul était plutôt du genre calme, posé et réfléchit. Certains diront qu’il est drôle, pendant que certaines ajouteront qu’il possède un certain charisme très attirant. Lui ne gardera que l’idée de fierté suite à tout ce qu’il a parcouru pour arriver à son occupation professionnelle. Le Directeur de recherches but alors une autre gorgée, avant de poser la tasse sur son bureau et de se replonger dans ses feuilles, en gardant une pensée pour cette chère Mlle Thompson. Il ne pouvait s’empêcher de penser à elle, se demandant subitement ce qu’elle pouvait avoir pour échapper à deux jours de travail en sa compagnie. Posant machinalement sa main sur sa cuisse droite pour aider sa jambe à s’étendre sur le rebord de son bureau, Paul grimaça légèrement de douleur en sentant son muscle le tirailler un tantinet soit peu. Saleté de vampire ! Jamais il n’aurait dû se donner la peine de soigner cet homme au beau milieu d’une ruelle sombre du Londres mal famé. Mais sa bonté l’y avait poussé pourtant…Et voilà comment la Bestiole l’avait récompensé : en l’attaquant sans ménagement en le mordant à la cuisse droite. Heureusement, il avait su stopper la folie passagère de ce vampire, à l’heure qu’il était Paul aurait enterré six pieds sous terre. Mais l’usage du muscle de sa jambe avait été partiellement endommagé sur à cette blessure violente que lui avait infligé la créature, ce qu’aucun Médicomage ne parvint à soigner. Résultat ? Il était condamné à marcher avec une canne pour éviter de tomber tous les mètres et une douleur dans le muscle pouvait revenir à tout moment.

Comme maintenant. Mais peu lui importait cet épisode de sa vie, qui pourtant n’était pas si loin que cela. Paul ne voyait pas cela comme un handicap, sa canne était désormais comme sa troisième jambe. Ou quelque chose dans ce genre.

« Bon, trêve de rêverie, cette recherche ne se fera malheureusement pas toute seule… »

Le Maître des Potions souffla de fatigue, avant de boire une gorgé de café soigneusement préparé par l’une de ses collègues. Puis il se remit à travailler, tel un parfait Serdaigle sérieux dans toute sa splendeur.